L’institut Fraunhofer pour les systèmes de transport et d’infrastructure (Fraunhofer-Institut für Verkehrs- und Infrastruktursysteme de son vrai nom) se situe à Dresde, en Allemagne. Il fait partie de la société Fraunhofer — une organisation spécialisée dans la promotion de la recherche appliquée.
Torsten Gründel est responsable du département consacré aux systèmes de transport intelligents de l’institut. Dans cet entretien, il nous parle des Produkt- und Kontrollmodule ou PKM (littéralement les « modules de produits et de contrôle »), un outil de plus en plus utilisé en Allemagne. FAIRTIQ et l’institut collaborent actuellement sur plusieurs projets utilisant ce type de modules, dont un essai pilote dans le Bade-Wurtemberg et l’introduction de FAIRTIQ en Rhénanie-du-Nord–Westphalie à la fin 2021.
FAIRTIQ : Comment expliqueriez-vous les PKM en quelques mots ?
Torsten Gründel:
Les modules tarifaires basés sur les PKM sont des fichiers qui regroupent l’ensemble des informations tarifaires pour une application donnée, soit une multitude de données, de règles et d’algorithmes liés entre eux. Ils font l’objet d’une norme qui régit leur format et leur traitement standardisé dans les systèmes de vente et de contrôle des transports publics.
FAIRTIQ: Quels avantages les PKM représentent-ils pour les entreprises et communautés de transport ? Diriez-vous qu’ils influencent les processus ou même qu’ils favorisent l’introduction de produits tarifaires plus flexibles ?
Torsten Gründel:
Les modules tarifaires des PKM fonctionnent — comme leur nom l’indique — de façon modulaire : les éléments tarifaires qui conviennent sont sélectionnés et reliés entre eux à l’aide d’algorithmes configurables pour former une fonction complète. Les modules tarifaires sont généralement traités de la même manière quel que soit l’appareil, ce qui signifie que la représentation des tarifs ainsi obtenue peut être utilisée dans de nombreux appareils et systèmes sans qu’il soit nécessaire d’y réimplémenter le tarif à chaque fois. Il reste bien sûr souvent quelques adaptations à faire, mais cette approche permet d’introduire de nouveaux produits tarifaires — et notamment des tarifs flexibles — avec une grande facilité. En outre, le traitement standardisé signifie qu’il n’est pas nécessaire de modifier les logiciels des appareils ou systèmes concernés.
FAIRTIQ: Votre institut mène actuellement un projet pilote prometteur avec FAIRTIQ et d’autres partenaires, qui permet de voyager facilement entre les différents réseaux du Bade-Wurtemberg grâce au principe du « check-in/check-out ». Quels sont les défis du point de vue des PKM et quels enseignements avez-vous pu en tirer ?
Torsten Gründel:
Les PKM sont parfaitement adaptés aux technologies basées sur le principe du « check-in/check-out » : tous les tarifs concernés peuvent être traités de façon uniforme sur le plan technique. Dans le cas du Bade-Wurtemberg, cela inclut par exemple le tarif général du Land et les tarifs des différentes communautés, mais aussi les règles locales d’optimisation des prix ou de passage d’une zone à l’autre. L’important est de disposer de données standardisées. Par exemple, la désignation des arrêts, des lignes et des modes de transport doit être aussi uniforme que possible afin d’éviter d’avoir à procéder à une longue adaptation des données. Ceci est presque toujours un défi, même si le Bade-Wurtemberg et le secteur dans son ensemble ont déjà pris quelques mesures à cet égard.
FAIRTIQ: Imaginons qu’une communauté tarifaire décide de mettre son tarif en œuvre sous la forme de PKM. Combien de temps faudrait-il pour que les modules soient opérationnels ? Le temps nécessaire est-il différent dans le cas des tarifs électroniques que dans celui des tarifs par zones classiques ?
Torsten Gründel:
Cela dépend toujours de la situation de départ : existe-t-il déjà des données relatives aux tarifs (p. ex. dans des bases de données locales) ? La personne responsable des tarifs peut-elle aider à clarifier certaines questions techniques ? Ces ajustements prennent souvent beaucoup plus de temps que la mise en œuvre à proprement parler, qui ne nécessite généralement que l’équivalent de quelques semaines de travail pour une personne. Il ne faut pas non plus oublier que la mise en œuvre des PKM implique souvent de clarifier toute une série de concepts techniques concernant l’application, ce qui représente du temps supplémentaire.
FAIRTIQ: Les PKM semblent s’imposer comme une norme pour la représentation et la gestion des tarifs en Allemagne. Que pensez-vous de cette évolution ? Croyez-vous que cette norme pourrait s’exporter au-delà de vos frontières ?
Torsten Gründel:
Je me réjouis de cette évolution. Elle montre que la numérisation peut, grâce à ce type de modules tarifaires, considérablement simplifier l’application de tarifs parfois complexes, et ce aussi bien du côté des responsables des tarifs en question que de celui des concepteurs d’appareils et de systèmes. C’est d’ailleurs aussi une bonne nouvelle pour les passagers et passagères, comme on le voit dans le Bade-Wurtemberg où le public profite désormais d’un système unique capable de déterminer les prix et produits adaptés sur l’ensemble des réseaux. Notre institut est conscient que les fournisseurs de solutions tels que FAIRTIQ opèrent à l’échelle internationale. C’est pourquoi lors du développement des PKM, nous avons veillé à ce que ces modules soient aussi utilisables hors d’Allemagne sur le plan technique.
FAIRTIQ: Selon vous, dans quels domaines observera-t-on les prochains développements en ce qui concerne les tarifs et les PKM ? Les tarifs électroniques et les solutions flexibles sont un sujet particulièrement d’actualité…
Torsten Gründel:
Vous avez raison. La numérisation représente de nombreux défis pour les transports publics. Les entreprises et communautés de transport doivent s’y préparer sur le front du personnel, mais aussi en adaptant leur organisation et leurs compétences. S’agissant des PKM, je crois que nous devons maintenant soutenir au mieux les entreprises et communautés dans toutes les applications possibles de ces modules — du calcul des prix par les technologies de type « check-in/check-out » aux contrôles électroniques en passant par les nombreux autres canaux de vente. Il deviendra ainsi plus facile de proposer de nouvelles offres aux passagères et passagers ou de leur permettre de voyager entre les différents réseaux.
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